Cité de La Saussaie : l'aide alimentaire au cœur des débats et de l'action

« L’aide alimentaire est devenue un moyen de s’alimenter pour des millions de personnes en France, ce qui n’est pas souhaitable. » La sociologue Bénédicte Bonzi dresse ce lundi 24 mars un constat sans appel au micro de la radio associative Déclic. Dans le cadre du premier Festival de l’alimentation durable de Plaine Commune, sa fondatrice Florence Thémia a choisi d’animer quatre émissions spéciales dédiées à l’aide alimentaire (à écouter ici). Dans le studio du bâtiment 2 de la Saussaie, d’autres acteurs s’expriment sur ce sujet essentiel pour les familles, alors que 9 millions de personnes vivent en France sous le seuil de pauvreté en 2022, d’après l’INSEE.
Pour Anne-Claire Garcia, chargée de mission « Solidarités alimentaires et droit à l’alimentation » pour la Ville de Saint-Denis depuis 2017, il est essentiel de « changer de regard » sur les bénéficiaires de l’aide alimentaire, qui ne sont « pas que les personnes pauvres qui n’ont pas de quoi s’acheter à manger ». Selon elle, il est nécessaire de « se donner les moyens d’accueillir dignement les personnes », ce qui passe par des ressources supplémentaires accordées aux associations et à la formation de leurs bénévoles.
De gauche à droite : Bénédicte Bonzi, sociologue et chercheuse. Jonathan Balima, responsable financier de l’association Écho des Sans Mots. Manon Sirisouk, responsable de la plateforme logistique alimentaire Au bon transit. Jean-Paul Robin, ancien responsable des maraudes des Restos du Cœur en Seine-Saint-Denis. Anne-Claire Garcia, chargée de mission « Solidarités alimentaires et droit à l’alimentation » pour la Ville de Saint-Denis. Florence Thémia, fondatrice de Radio Déclic.
« On n’est pas des professionnels, on fait ce qu’on peut en tant que bénévole », souligne Jean-Paul Robin, dit « Jeannot », ancien responsable des maraudes des Restos du Cœur en Seine-Saint-Denis. Le contexte économique et la crise sanitaire Covid-19 ont aggravé la situation des familles. « On avait des dizaines de personnes, puis des centaines, puis des milliers », se rappelle Jonathan Balima, responsable financier de l’association Écho des Sans Mots. D’abord culturelles, les activités de l’association se sont diversifiées pour inclure l’aide alimentaire, face à la forte demande des habitants.
« Beaucoup de coopérations se créent. Les gens ne restent pas passifs, ils vont chercher l’alimentation de qualité », affirme Manon Sirisouk, responsable de la plateforme logistique alimentaire Au bon transit. En témoigne la première édition de la Fête à notre sauce qui se tiendra le mercredi 2 avril après-midi sur la place du 8-Mai-1945 à Saint-Denis. Une trentaine d’associations solidaires seront réunies lors de cet événement festif autour de l’alimentation de qualité accessible pour toutes et tous.
À quelques centaines de mètres du studio Déclic, l’association La Petite Liberté organise tous les lundis une distribution d’aide alimentaire. Au pied du bâtiment 5 de La Saussaie, les cagettes noires s’empilent les unes sur les autres, remplies de produits frais, récupérés auprès d’un entrepôt d’une grande enseigne de distribution à La Courneuve. « En 2024, nous avons récupéré 128 tonnes de nourriture et donné 60 tonnes à la plateforme Au bon transit », précise Thierry Durieux, un des co-fondateurs de l’association.

L’association La Petite Liberté distribue des paniers d’aide alimentaire tous les lundis, au pied du bâtiment 5 de la cité de La Saussaie, à Saint-Denis.
Dans le panier distribué ce lundi : concombre, poivrons, salade, fenouil, raisins, oranges, pain complet, courgettes, aubergines, coriandre, de la charcuterie aussi sur demande. La valeur des cagettes est minimum de 15-20€. En tout, 168 paniers sont préparés à chaque distribution puis vendus à 3€. Un système de listes élaborées, gérées au cordeau par Samia Laarej, permet d’assurer une distribution la plus équitable possible entre les différentes familles. « Le seul critère pour être bénéficiaire, c’est d’habiter à Saint-Denis », explique-t-elle. Le nombre de places pour les distributions reste limité, et la liste d’attente compte déjà une cinquantaine de personnes. Au total, l’action d’aide alimentaire de La Petite Liberté permet de nourrir plus de 2 000 personnes par mois.